Issue du monde de la Tech, valorisée à au moins un milliard de dollars et ayant moins de dix ans d’existence, la licorne qui nous intéresse ici est une entreprise non cotée en bourse présentant des caractéristiques tout aussi extraordinaires que l’animal mythologique qui lui a donné son nom. Il revient à Aileen Lee d’avoir imposé la dénomination en 2013 de ce type d’entreprises, dont nous allons analyser les fondamentaux.
La Naissance d’une Licorne
Avant de devenir une licorne (unicorn en anglais), notre entreprise connaît un certain nombre d’étapes dans son évolution, que les observateurs se plaisent à décrypter à l’aide d’un bestiaire très développé.
A la base de toute licorne, nous trouvons une start-up, ces célèbres jeunes pousses spécialisées dans la Tech et dont les storytelling les mieux rodés les font naître dans des garages californiens. Si notre start-up de moins de cinq ans connaît une croissance annuelle d’au moins 20 % pendant trois ans sur certains critères (effectif et / ou valeur ajoutée et / ou résultat d’exploitation), elle est alors qualifiée de gazelle. Si elle acquiert les mêmes performances au-delà de cinq ans d’existence, on la qualifie de girafe.
Notre licorne prend vie si, avant les dix ans de sa courte existence, elle est valorisée à un milliard de dollars.
Bien évidemment, afin d’atteindre cette valorisation, une licorne nécessite des financements spécifiques, notamment de la part du capital risque et des business angels. En France, un outil a été dédié aux particuliers désireux de participer au financement des jeunes pousses technologiques : le Fond Commun de Placement pour l’Innovation (FCPI). Assorti d’avantages fiscaux, ce placement permet aux épargnants d’investir dans des entreprises innovantes, et ainsi de contribuer au financement de l’économie.
Licorne et ETI
Des rapprochements entre les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) et les licornes sont régulièrement effectués. Pour rappel, une ETI est une entreprise dont le chiffre d’affaires est compris entre 50 millions et 1,5 milliard d’euros (ou un bilan total compris entre 43 millions et 2 milliards d’euros), avec 250 à 4 999 salariés.
Un certain nombre de points communs sont partagés entre les licornes et les ETI. En effet, leur taille tend à être similaire, leur vision du marché est le plus souvent globale et mondiale (elles visent toutes deux à exporter leurs produits ou leurs services) et il est primordial pour une économie nationale d’avoir ces deux types d’entreprises sur son territoire. On peut donc légitimement se demander dans un premier temps si les ETI ne sont pas des licornes qui s’ignorent. Néanmoins, nous distinguons trois différences majeures entre ces deux types d’entreprises :
- L’ETI est souvent une entreprise familiale qui souhaite le rester. Souvent ancrée au coeur d’un territoire (et d’un bassin d’emplois), elle entend conserver son indépendance financière et stratégique. La finalité n’est donc pas une introduction sur les marchés financiers, ce qui est en revanche le but d’une licorne.
- L’ETI est souvent à la pointe de la technologie, mais dans le secteur industriel. Ce ne sont pas des entreprises issues de la Tech stricto sensu.
- Les ETI ont souvent plus de 10 ans d’existence. Ce sont des entreprises qui ont une historicité et un devenir différent des licornes.
Entendons-nous bien, notre objectif n’est absolument pas ici de dénigrer ou de valoriser les unes au dépend des autres, simplement d’effectuer une analyse qui nous semble plus fine et pertinente pour notre sujet.
Il semble en effet beaucoup plus intéressant d’analyser ces entreprises comme complémentaires pour une économie. Plus les ETI et les licornes sont nombreuses, plus le dynamisme sera au rendez-vous. En effet, les grands groupes de taille internationale vont profiter à plein de ces entreprises, mais les TPE/PME en bénéficient également puisqu’elles peuvent en devenir également clients ou fournisseurs.
Être une Licorne : et après ?
L’objectif ultime des créateurs d’une licorne est d’introduire celle-ci sur les marchés financiers, le Graal restant à ce jour bien entendu le Nasdaq, le marché américain des valeurs technologiques. Attention, la licorne cesse d’exister lorsqu’elle devient une entreprise cotée. Afin de faire en sorte de la faire mourir de sa plus belle mort, les entrepreneurs ont également la possibilité de faire de leur entreprise une decacorn (valorisation entre 10 et 50 milliards de dollars) voire même un Titan (entre 50 et 100 milliards de dollars). Pour les plus ambitieux, l’introduction se fera après avoir obtenu le statut d’hectocorn (plus de 100 milliards de dollars).
Conclusion
Nous avons donc la preuve que les licornes existent, essentiellement localisées aux USA et en Chine. La Silicon Valley américaine, basée autour de San Francisco en Californie est bien évidemment l’endroit le plus célèbre où vous avez le plus de chances de croiser le mythique animal. Fait intéressant, les USA disposent également avec Boston d’un cluster spécialisé dans la BioTech.
Et en France ? La naissance de la French Tech ainsi que les initiatives de certains entrepreneurs (à l’instar de Xavier Niel et son campus Station F) contribuent à faire décoller le secteur. La volonté politique semble aujourd’hui de mise dans ce secteur, tout comme l’avait été la prise de conscience concernant le manque d’ETI en France.
On le voit, détenir le Secret de la Licorne peut aisément vous mener au trésor de Rackham le Rouge. Mais ceci est une autre aventure !
Sources
Crédit image : Hergé, Tintin et le Secret de la Licorne, Casterman, 1943